18 janvier 2009

Une fois que les apprentis...


Une fois que les apprentis s'accaparent leur lieu d'enseignement, ils sont dans les dispositions pour pouvoir m'écouter. J'ai remarqué aussi que cette appropriation de la classe n'était pas seulement du fait des trois apprentis qui peignent les murs, mais aussi de toute la génération. La critique, l’incompréhension ne sont venues que des “adultes”.

Par cette action, voilà aussi un bon exemple d'éducation à la citoyenneté en action si je prends comme référence ce que dit Cornelius Castoriadis (extrait d'un entretien lu dans le Monde diplomatique écrit d'après une émission de Daniel Mermet, producteur de « Là-bas si j’y suis » sur France-Inter).

Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.


Cornelius Castoriadis (1922-1997) fut philosophe, sociologue, historien, économiste et psychanalyste. Il a écrit, entre autres, L’Institution imaginaire de la société (Seuil, Paris).